Les Ballets russes créés en 1909 par Serge de Diaghilev fêtent leur cent ans. À cette occasion, quatre chorégraphes choisis par Alistair Spadling, directeur du Sadler's Wells de Londres, ont revisité le genre à leur manière, "Dans l'esprit de Diaghilev". Ils étaient présents le temps de trois représentations au Théâtre National de Chaillot.
Le premier spectacle, Dyad 1909, de Wayne McGregor, nous propulse immédiatement dans un au-delà rêveur, spectateur d'un show lumineux. On se retrouve happé par la légèreté des mouvements, la fluidité du spectacle, la beauté des danseurs : notamment le couple que forment la danseuse polonaise Anna Nowak, mi-ange mi-poupée, et le bel italien Paolo Mangiola, incroyable de par sa perfection. Une performance pour dix danseurs superbes, portant pour certains des masques de perles noires de Kabuki, apportant une touche baroque à l'ensemble, sur une musique d'Ólafur Arnalds.
Le second, AfterLight, du chorégraphe Russell Maliphant, est un hymne au danseur, à Satie, à l'ivresse : sur les superbes Gnossiennes - 1 à 4 - interprétées par le pianiste Daniel Gledhill, le danseur Daniel Proietto nous emporte dans une ronde captivante, envoûtante, incessante sur 15 minutes, une performance exceptionnelle pour ce jeune talent. Une lente montée de désespoir nous prend au ventre, nous plonge dans un climat personnel, et nous amène au-delà de l'intime.
Faun, de Sidi Larbi Cherkaoui, se pose dans un décor de forêt qui change de teinte selon les saisons : chaude avec des arbres chatoyants, froideur de la scène avec une forêt glaciale, … un premier danseur est en scène, tel un jeune loup à la tête d'ange - James O’Hara. Puis vient le printemps et l'on assiste aux préludes amoureux de la saison des amours, avec l'entrée sur scène de Daisy Phillips, saisissante, voluptueuse. Une véritable danse de séduction se met en place. Le fond musical, Prélude à l'après-midi d'un faune de Claude Debussy, nous rappelle les contes fantastiques à la Pierre & le Loup, ou encore l'ambiance du Lac des Cygnes de Noureev. Elle s'accompagne de l'intervention du musicien Nitin Sawhney.
Pour clore la série, l'étonnant Eternal Damnation to Sancho and Sanchez, de Javier De Frutos, sur une musique de Maurice Ravel (la Valse), qui a fait fuir la moitié de la salle. Un spectacle provocateur, explosif, dérangeant, qui néanmoins mérite du respect, par une maîtrise de la théâtralité mêlée à la danse, même si ça m'a personnellement éloignée de la douce torpeur instaurée par les trois précédents spectacles.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire